lefranc Détective privé du Forum
Nombre de messages : 5356 Age : 72 Localisation : France Humeur : ange gardien catholard 34 Date d'inscription : 06/01/2008
| Sujet: ROBERT BRESSON Mar 23 Fév - 0:08 | |
| Mouchette Un film de Robrt Bresson Nadine Nortier bouleversante Mouchette | Robert Bresson a atteint des cimes. ",Mouchette", son dernier film, le prouve, II y a peu d’œuvres où l'on se trouve plongé plus profondément dans les méandres de l'âme humaine, où avec si peu de mots un metteur en scène dise davantage. Comme dans le "Journal d'un Curé de Campagne", Bresson explore Bernanos. ,,Mouchette" (Nadine Nortier, au visage bouleversant) c'est l'adolescente, qui se heurte à l'incompréhension, au mépris, à la dureté et à la méchanceté. Elle est l'incarnation de la souffrance et de la solitude humaines. Ses rares sourires douloureux sont ravagés par les gifles de son père ivrogne. (Scène de la kermesse !) Le seul être qu'elle ait compris, parce que lui aussi se trouve en marge de la société, c'est le braconnier. Il la viole. Le seul être qui l'aime, c'est sa mère. Elle meurt. Toutes les issues sont barrées. L'étang, qui lui donnera la mort, seul, ne l'aura pas repoussée, il l'attire. Bresson fait parler l'image et les silences. Ses prises de vue fixent l'essentiel. Elles vont au-delà de l'horreur qu'elles inspirent, et de la pitié qu'elles appellent. Elles visent les âmes des personnages et surtout celle de Mouchette. Voici d'abord l'univers qui encercle Mouchette; plans admirables dans leur violence. Les images de la perdrix prise dans les filets du braconnier sensibilisent afin qu'on puisse davantage se passionner pour Mouchette, bête traquée, elle aussi. | Bresson est avare d'explications. Il exige une attention soutenue, et quand il fait parler les personnages, il met leurs âmes à nu. (Chansons des écolières !) Puis vers le milieu du film il va jusqu'aux confins de l'hermétisme pour nous livrer à la fin les images les plus explicatives et les plus fortes : Sous les yeux de Mouchette qui a atteint les tréfonds de l'horreur, des lièvres sont abattus, L'un d'eux est touché aux arrière-pattes, il se roule sur le sol, se relevé plusieurs fois, comme s'il ne comprenait pas ce qui lui est arrivé. Mouchette a compris: la mort est la délivrance de la souffrance. Drapée d'une robe blanche (de mariée), elle se laisse à trois fois rouler vers l'étang. Et le bruit amplifié de sa chute dans l'eau ne cesse de se répercuter. Mais enfin l'âme de Mouchette est délivrée. Abstenons-nous de juger ce suicide, car les brèves évocations du "Magnificat" de Monteverdi qui clôturent le film, sont à l'image de la paix et de la sérénité lumineuses que Mouchette a enfin trouvées. | © Guy Wagner, théâtre 17 - sept.-oct.67 | |
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| Sujet: Re: ROBERT BRESSON Mar 23 Fév - 0:13 | |
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