Le numérique n'a pas totalement éradiqué la galette noire. Même les
grandes maisons de disques se remettent à presser des microsillons.Le 21 juin 1948, étaient commercialisés
les premiers 33 tours. Ils sont de retour aujourd'hui. Ici, dans la
boutique de disque Black Temple Records, passage des Carmélites, à
Rennes. : Marc OllivierSacrilège ! Un nombre croissant de DJ's abandonne le disque vinyle
au profit de logiciels et de fichiers numériques. L'heure de la fin
pour le microsillon ?
Le vinyle, merveille de la chi- mie d'après-guerre, a tout juste
soixante ans. Il remplaçait le 78 tours en laque, lourd, fragile et ne
pouvant contenir que quelques minutes de musique par face. Le 45 tours
sera l'arme de conversion massive du rock'n roll ; le 33 tours, le lieu
de tous les délires artistiques. Il s'en vendait deux milliards en
1978. MPO, le plus grand presseur européen, installé en Mayenne, n'en
fournit plus que huit millions par an.« Retour au noir »Cependant,
quelques signes de renouveau apparaissent et pas seulement dans les
marges. Même les grandes maisons de disques entreprennent des campagnes
de rééditions.
Ainsi, Universal a lancé, le 1
er septembre, son opération internationale « Back to Black*** » (retour au noir, en référence à la couleur des disques).
En France, une cinquantaine d'albums vont ressortir d'ici à la fin de
l'année (pour un modeste total de 50 000 exemplaires). Des classiques
« cultes », Bardot, Vian, Boby Lapointe, Polnareff ou Gainsbourg en
tête. Mais aussi Noir Désir ou même Katerine.
« C'est un marché de niche, mais il y a plusieurs niches, résume Éric Perchais, responsable du catalogue (et donc des rééditions) à Universal.
Nous nous intéressons aussi à ce que les DJ appellent les rare grooves ». Parmi ces pépites méconnues, Universal France a exhumé l'étonnant Vigon :
« Un chanteur originaire de Rabat, qui a sorti un disque de soul tout à fait étonnant, en 1969. » On confirme.Deux
autres grandes maisons de disques, EMI et SonyBMG, se fendent aussi de
quelques poignées de classiques (Hendrix, Beach Boys, Radiohead, Dylan,
Clash). Mais attention, pas de vinyle « cheap ». Tout cela ressort en
« 180 g », le standard de qualité pour que les disques ne gondolent pas.Paradoxalement,
alors que la musique se transporte sur les iPod, clés USB et autres
téléphones mobiles, le CD pourrait disparaître avant son ancêtre, qu'il
avait détrôné dans les années 1980. Au-delà de ses qualités sonores,
vantées par les audiophiles, mais pas évidentes pour le commun des
mortels, le vinyle (enfin, sa pochette) est un bel objet,
éventuellement une oeuvre d'art, qui séduit un public rajeuni.Des
labels indépendants américains ont peut-être trouvé une voie du futur.
Merge, Sub Pop ou Matador commercialisent des vinyles dans lesquels on
trouve un « coupon Mp3 ». En se connectant à un site, l'acheteur peut
gratuitement télécharger la copie numérique de sa galette. Pas bête.
Philippe RICHARD.
source : Ouest France
***L'opération Back to Black? C'est intéressant comme coincidence