Dans ma tête , deux ères se culbutent . Je suis au milieu , la tête successivement hors et sous l'eau .
Des matins à s'entendre chuchoter des mots qui n'en sont pas vraiment en fait , balottés dans une valse piquante de vapeurs éthyliques , des matins idyliques . Des matins idyliques .
Des matins et d'autres , enveloppée dans mon silence , celui de ma chambre un dimanche paisible . Mes amis se défoncent , se la coulent douce , et même si je ne vois pas où est le problème , je ne vois pas non plus où est le miracle , où est l'indice . Graduations de mon état d'esprit , vertigineuse ascension , mâchoire rigide et vertigineuse est la chûte . Dépressionner , oui , c'est un verbe , dois-je vous apprendre vos conjugaisons ?
Dans ma tête deux ères se culbutent entre elles , ca fait un joyeux bordel .
Un soir balade solitaire sous un soleil qui n'est plus , ma chaire mitraillée par la lueur des lampadaires , dodelinant parmi les ombres , mortelle et déçue .
Un soir sa main dans la mienne , il la serre fort , se persuader que j'en vaux la peine , un soir à une terasse à regarder l'eau couler sous les ponts .
Un soir sa main dans la mienne , une pinte , un baiser des amorces de discussions mortes-prématurées , couper court , pas motivée pour les choses de l'amour .
Et dans ma tête toujours , ces deux ères qui se culbutent
Laissent des trainées de sang et de sueur sur les cols immaculés de mes partenaires
Elle ou Il , Il / Elle , parfois même les deux , iront peupler l'Enfer
Entre les mots qu'on me chuchote à l'oreille à l'aube qui n'ont ni sens ni queue ni tête
Entre les mots qu'on me chuchote qui n'ont ni sens ni queue ni tête ni échos
J'y niche des silences , mes silences , les silences de ma chambre
Je me récite des poèmes sans structure et sans vers
Sang vert , sans vers , il n'y a pas d'or dans ma chaire
Entre lui / elle et moi
J'y niche des silences , mes silences , les silences de ma chambre
J'y construirai des murs de forteresse , à chaque fissure je mettrai un gardien en poste
Si ca pouvait m'épargner de faire ta connaissance un peu plus
J'y mettrai en poste des gardien et leurs mitraillettes
Tu dors
Je me récite des poèmes sans structure et sans vers
Sang vert , sans vers , il n'y a pas d'or dans ma chaire
Il n'y a pas d'or dans ma chaire
Rien de précieux , rien de terrible , rien pour toi , rien pour eux / elles
Mais des charognards rôdent quand sans son amour j'expire
Date de péremption , méfiance et goûteurs sont de mise
Suis-je une denrée périssable ?
Dans ma tête deux ères se culbutent , même trainée de sang , même trainée de sueur
Même coeur , même coeur