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 THE CARRIBEANS et LE JAZZ

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AmyFan
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MessageSujet: THE CARRIBEANS et LE JAZZ   THE CARRIBEANS et LE JAZZ Icon_minitimeSam 6 Fév - 16:32

Amy a passé beaucoup de temps à Sainte-Lucie et maintenant s'intéresse à la Jamaïque.
J'ai donc pensé qu'il serait intéressant de créer un sujet sur les Antilles et le Jazz, pour voir et se souvenir que nombre de jazzmen célèbres en sont issus. Et aussi, notamment, les musiciens de raggae, de dub, et de hip hop.

Pour lancer le débat, une interview de Monty Alexander, pianiste jamaïcain né en 1944 :


Interview: Monty Alexander, Gentleman Caraïbe
Interview | 9 juillet 2009
THE CARRIBEANS et LE JAZZ Monty


En hommage à Chris Blackwell, le pianiste jamaïcain Monty Alexander se produit vendredi 10 juillet sur la scène du Montreux Jazz Festival. Retour sur l’itinéraire d’un passeur dans cette interview exclusive.

Interview menée par Michel Danzer


Il est toujours aussi vert. A 65 ans, Monty Alexander promène toujours sa coupe ébouriffante - et un jeu de piano qui ne l’est pas moins - sur les scènes du monde entier. Il reste, après la disparition d’Oscar Peterson à la fin de l’année 2007, l’un des derniers tenants d’un touché caraïbe qui aura gravé l’ivoire du piano jazz. Un héritage qui remonte à Jelly Roll Morton, en passant par Wynton Kelly, et dont il est peut-être l’un des ultimes héritiers.

En véritable passeur, il s’évertue depuis plus de 15 ans à redonner ses lettres de noblesse à une musique jamaïcaine souvent traitée avec condescendance en l’amenant dans les salles les plus prestigieuses. Vers un autre public. Pour faire passer par les touches un message fort: derrière les oripeaux dont on l’affuble parfois - ceux d’une musique qui serait réservée aux nostalgiques de 68, à consommer uniquement avec psychotropes - le reggae et les styles qui l’ont précédé recèlent un lyrisme et une musicalité qui n’ont rien à envier aux genres les plus prestigieux. On chavire quand le pianiste pose ses doigts sur une version en porcelaine de « No woman no cry ». Tout autant lorsqu’il se réapproprie les compositions de Bill Evans, Nat Adderley ou Michel Legrand. Pelez l’oignon, et vous découvrirez toujours la même étincelle.

Monty Alexander l’a compris avant les autres, lui qui écouta Nat King Cole et Louis Armstrong jouer à Kingston dans les années 50. Il séchait les cours pour enregistrer avec les membres originaux des Skatalites - Johnny « Dizzy » Moore, Don Drummond, Tommy McCook ou encore avec Joe Higgs, figure tutélaire du reggae et futur mentor des Wailers. Un fois immigré au Etats-Unis, il mettra quelque temps de côté ses années Jamaïque pour tracer son sillon flamboyant dans la plus pure tradition jazz en frayant notamment avec Milt Jackson, Dizzy Gillespie ou Ray Brown. Sur des disques pour tous les grands labels, avec peut-être une mention particulière pour ceux du légendaire MPS. Et une certaine prestation au Festival de Montreux en 76 qui restera dans les annales.

Pianiste désormais établi, presque une institution, il appartient à ce cercle restreint de musiciens que les grands clubs new-yorkais se disputent. Il suit ses envies, enregistrant compositions originales, relectures de musiques caraïbes et standards jazz. Parfois sur les mêmes disques. Un affranchi aux confluents de deux traditions, américaines et caraïbes, qui sait mieux que personne évoquer leurs liens.

Quelle était l’influence du jazz sur les musiciens avec lesquels vous jouiez en Jamaïque à la fin des années 50, et sur le Ska en général ?

Monty Alexander : Je ne pense pas que c’était une question de genres musicaux. Car quand tu es un jeune et que tu grandis dans un foyer où l’on écoute toutes les musiques, que ce soit des chansons pop américaines, ou du jazz comme Louis Armstrong, des chansons de country que l’on entendait à la radio, des groupes de calypso, tu ne penses pas en terme de style, c’est juste de la Musique.

Et ces musiciens en Jamaïque qui sont devenus célèbres avec le reggae et le ska et bien c’était pareil pour eux, ils écoutaient toutes les musiques, toutes les chansons, ils ne pensaient pas en terme de styles ou de catégories. La musique qu’ils écoutaient s’est retrouvée dans ce qu’ils faisaient. Quand tu écoutes le ska, ces gars étaient des jazzmen, qui suivaient les directives du producteur qui leur disait de garder le rythme. Car si un producteur comme Coxsone Dodd n’était pas là, ils auraient sans doute joué un style plus libre. Mais on savait que le rythme était là pour les gens, pour qu’ils puissent danser. Et certains musiciens ressentent le rythme, comme moi qui le ressent d’une manière très forte, et pour beaucoup de musiciens c’était également le cas. Et quand tu as cela en plus de ton expression personnelle, cela produit une musique qui fait bouger les gens.

Comment définir la musique qui était jouée dans les studios jamaïcains à cette époque ?


Monty Alexander : Quand j’écoutais ce qu’ils faisaient, je dirais que c’était une combinaison de blues, de R’n’B, des façons afro-américaines de faire les choses, mais tu pouvais également entendre les styles country & western, les chansons pop, et puis il y avait aussi le feeling du mento local. Et cela s’est entièrement mélangé, comme si on avait jeté tous ces trucs dans une salade et qu’on l’avait remuée…C’est devenu un goût unique, tout comme le gumbo de la Nouvelle Orléans. C’est juste un pot, un melting pot. On est dans un melting pot à l’heure actuelle, et la Jamaïque était creuset pour beaucoup de choses, qui touchent à la culture et aux modes de vie.
C’est très dur de répondre à cette question. J’ai écouté Ernest Ranglin, un de mes musiciens préférés, jouer de tout sur sa guitare, il jouait des contines pour enfants, il jouait des morceaux latino, quoique ce soit, donc ma conception de la musique ce n’est pas un style, c’est de jouer. Quoique ce soit. J’espère que ça fait du sens

C’est un peu l’autre versant de la médaille : quelle a été l’influence des musiciens de la Caraïbe sur le jazz américain ?

Monty Alexander : Il y a un phénomène récent lié au hip hop. Je pense que le hip-hop et les rappeurs ont été vraiment très influencés par la musique de la Jamaïque et tout le concept du dub , c’est peut-être la plus grande influence qu’il y a derrière beaucoup des concepts qu’ils utilisent. Alors de nombreux musiciens de jazz actuels, qui veulent se rapprocher des musiques populaires, ils ont écouté ces sons venus du Bronx… Mais beaucoup de ce qui s’est fait dans le Bronx est venu de la Jamaïque, ou de Porto Rico. Mais ça c’est un phénomène assez récent. Je vais vous dire, si l’on se plonge dans l’histoire du jazz, Duke Ellington avait de nombreux musiciens dans son orchestre qui venaient tout droit de la Jamaïque et de la Barbade. Et dans les années 20 ou 30, il y avait toujours des gens de la Caraïbe dans ce milieu. Thelonious Monk a grandit dans un quartier de gens venant des Antilles, et on peut vraiment l’entendre dans certains de ses rythmes qu’il joue. On est tous influencé par des choses différentes. Mais bizarrement on n’en parlait jamais, des gens de la Caraïbe et des Antilles. Peut-être parce qu’ils étaient plutôt discrets et décontractés. Ils ne se mettaient pas en avant en disant « Hey ! Me voici ! ». Si bien qu’on a jamais vraiment retenu l’intérêt, jusqu’ il y a peu.

Pensez-vous, comme le disent certains, qu’entre vous, Oscar Peterson et Wynton Kelly, il y ait réellement un « caribbean touch » dans le piano jazz, ou est-ce que cela relève du fantasme ?

Monty Alexander : Je dois dire que d’habitude, je ne fais pas attention à ce qu’on raconte, mais parfois tu t’arrêtes et tu te dis : « Hmm, peut-être que c’est vrai ? ». En pensant aux grands talents que ces hommes avaient quand ils se posaient sur leurs instruments… Evidemment Oscar Peterson jouait du piano de manière tellement exceptionnelle, il pouvait jouer en haut, en bas, au milieu. Il avait un feeling qui d’une certaine manière était très élégant, très classique. Mais il avait aussi un style chaloupé, un rythme qui swingait quand il jouait . Mais derrière tout cela, il demeurait toujours un peu de cet accent des Antilles, quand il jouait une phrase mélodique au piano, elle avait toujours un léger « bounce », un certain entrain. Je l’ai remarqué. Et peut-être que moi aussi je fais cela, je ne sais pas, je n’analyse pas ce que je fais… Mais Wynton était l’autre grand. Quand Wynton Kelly jouait du piano, c’était comme s’il dansait sur les notes. Il ne jouait pas simplement les notes, il semblait dire « Hey, on va aller danser ». Et c’est ce que je fais quand je joue, tu ne peux pas juste jouer les notes, il faut les faire danser, les faire bouger.

On pourrait dire que la musique jamaïcaine souffre souvent d’un certain manque de reconnaissance, notamment de la part de l’establishment. Il n’y pas encore eu de phénomène à la « Buena Vista Social Club ». Est-ce difficile que d’amener la musique jamaïcaine vers un public jazz, ou le contraire ? De faire jouer ensemble musiciens de reggae et de jazz ?

Monty Alexander : Oui, vous avez raison, les éléments de base de la musique jamaïcaine, qui la rende si attirante, les qualités propres à la Jamaïque, parfois ne rencontrent pas les exigences du jazz américain, qui est être plus sophistiqué. Par contre les formes plus simples de la musique américaine et la musique jamaïcaine se marient assez facilement. Mais c’est de ma responsabilité, en tant que celui qui dirige, que de rassembler ces musiciens. Car cela doit être une rencontre contrôlée. Si un jamaïcain arrive dans les rues de New York et commence à parler en patois, personne ne va comprendre ce qu’il raconte. Si bien que ce que j’essaie de faire, c’est de rassembler ces gens pour qu’ils aient un point de rencontre. A la fois au niveau personnel et au niveau musical. Et, à partir de ce point de départ, je peux faire mon travail au piano. Parce que finalement, ces différents musiciens m’accompagnent moi, car le piano reste la voix principale. Vous comprenez ? Donc je rassemble deux sections rythmiques et j’essaie d’avoir chacun de ces mondes faire son propre truc selon son propre rythme, et ensuite de les voir se rassembler. Mais c’est vrai ça ne peux pas être une rencontre sans préalable. Les jamaïcains visent directement ce que j’appelle « la veine jugulaire du rythme » : ça doit te faire bouger ton corps. Et ce sont des gars comme moi ou Ernest Ranglin qui peuvent amener des choses supplémentaires par dessus. En fait je ne suis pas là pour analyser le pourquoi, je suis juste là pour apporter ma version de comment faire coïncider ces deux mondes. Je suis le pont, le type sur le pont qui rassemble deux choses, en suivant mes envies.

Vous rappelez-vous des groupes et des artistes avec lesquels vous jouiez en Jamaïque ?

Monty Alexander : J’essaie de me souvenir des noms des gens avec qui j’ai joué. Il y avait Keith & Enid, un groupe vocal. Je jouais pour eux, je faisais le backing sur leurs disques. J’ai joué avec un groupe qui était là déjà avant le ska et le rocksteady, et qui était très populaire en Jamaïque, c’étaient deux chanteurs, les Blues Busters, Phillip et Lloyd. Et je jouais de l’orgue sur leurs disques… Notamment un solo dont les gens se souviennent encore aujourd’hui, sur « There is always sunshine » des Blues Busters. Ils étaient comme Sam & Dave, les Sam & Dave jamaïcains. Mais il y avait aussi Joe Higgs, Higgs & Wilson , il y avait Owen Gray, il y avait un gars qui s’appelait Archie Stephenson . J’avais aussi un groupe avec certains copains de l’école, qui s’appelait Monty & the Cyclones, et je faisais des disques. C’était mon monde, et je n’aurais jamais pensé qu’un jour je quitterais la Jamaïque. Et je fréquentais Don Drummond et Johnny Dizzy Moore…

…Pouvez nous parler de Don Drummond, le légendaire tromboniste des Skatalites, avez-vous des souvenirs de lui ?

Monty Alexander : Don était quelqu’un de très pensif, de très calme, il ne parlait pas beaucoup, et évidemment ce n’était qu’un membre parmi d’autres dans le studio. Les autres étaient toujours en train de rire ou de raconter des blagues, comme Rolando Alphonso qui rigolait toujours. Mais Drummond était toujours très calme. Je savais juste que quand il jouait des cuivres, c’était si fort. Il avait un son terriblement puissant sur son trombone. Mais je me souviens qu’une fois je le vis debout, dans un coin, se parler à lui-même. Et je savais que certaines personnes ont parfois des natures psychiques différentes des autres. Don était quelqu’un de mystérieux et, comme vous savez, c’est parfois ces gens qui font les plus grands musiciens. Les gens qui sont différents, cela se ressent dans la musique. J’ai des souvenirs très vifs de cette époque, je pourrais en parler beaucoup, Coxsone Dodd qui m’aimait bien…Je jouait pour Duke Reid qui avait un revolver sur lui au cas où quelqu’un disait un mot de travers (rires). Il était comme ça Duke Reid, c’était un ancien policier. Tous ces gens sont morts maintenant. Et Byron Lee est mort la semaine passé et c’était un band leader très populaire avant le Reggae. Alton Ellis est mort récemment et c’est aussi l’une des personnes que j’ai croisée. J’essaye de me souvenir qui d’autre, on me montre tout le temps des vieux disques avec des artistes qui étaient vraiment à ce qu’on peut appeler l’aube de la musique jamaïcaine. Franchement, je n’aurais jamais pensé que ce phénomène local passerait les frontières de la Jamaïque. J’étais en 63 ou je ne sais plus quelle année à Miami en Floride quand j’ai entendu pour la première fois un artiste jamaïcain passé à la radio américaine : « Comment ça, la petite Jamaïque est écoutée sur la grande radio américaine ?….Comment est-ce possible ? ». Et je me souviens qu’une des premières choses que j’ai entendu c’était Desmond Dekker chantant « the Israelites »….et petit à petit la Jamaïque est devenue une telle influence culturelle…

ECOUTER

* Interview avec Monty Alexander
http://vibrationsmusic.com/2009/07/09/monty-alexander/#more-2252
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